« Shiong mao niao ! »

Ce serait sans doute les derniers mots de Malcolm Reynolds, avant la Fin. Evidemment, la fin de cette course et pas celle de sa vie. Ses chances de mourir étaient quand même relativement faibles et dans le cas où il perdrait, il n’allait pas se jeter dans un soleil, bleu, blanc, rouge ou même vert. Et encore moins se planter un sabre en plein cœur. Ce n’était pas dans ses habitudes – bien qu’on ne puisse pas dire que le suicide soit une habitude. Pas qu’il préférait vivre dans le déshonneur, mais sa vie était trop précieuse pour la gâcher à cause d’une défaite. Pour lui, pour son équipage – même pour Jayne –, pour le reste du Verse… Bon d’accord, peut-être qu’il s’imaginait trop de choses et qu’il n’était pas le nombril des mondes mais sa vie était au moins importante pour lui.

Surtout que rien ne garantissait que la course s’achèverait dès le prochain lancé de dés sans que le Serenity ne franchisse la ligne d’arrivée. Ce n’est pas parce que le vaisseau d’un concurrent qu’il pensait avoir semé lui était littéralement passé dessus qu’il devait baisser les bras. C’était même mieux pour sa survie, justement, qu’il ne baisse pas les bras. Piloter les bras baissés, c’est comme uriner dos aux toilettes : ça finit avec une flaque dégueulasse sur le sol. Alors, Captain Hammer décida de garder les mains sur les commandes, prêt à continuer de voler jusqu’au bout. Comme d’habitude.

Même pour changer une batterie ou un quelconque élément de son engin spatial, Shadow Proclamation pensait y arriver avant de ne finalement pas s’en sortir, de devoir demander de l’aide. C’était l’Histoire de sa vie, le cycle éternel, d’un enfant béni*, mais finalement pas tant que ça. Sa bromance avec Arthur Lamar, ses premiers ébats amoureux, son engagement dans l’armée indépendantiste, la Guerre d’Unification, ses plans contre l’Alliance, Inara, Bernadette – il n’avait pas tenté la même approche sur les deux – et maintenant cette foutue course. Toutes ses victoires apparentes se transformaient en défaite. La réciproque était rarement vraie. A moins d’ajouter la variable équipage. Et à l’opposé de l’infini, il n’y a quasiment que des inconnus dont la valeur absolue est proche de zéro.

Comme son pourcentage de chance de gagner. Mais il suffisait d’une somme d’événements suffisamment importants pour multiplier les probabilités de victoire. Au moins, si tout allait bien, Mal finirait sur le podium – à supposer qu’il y ait un podium, pourquoi pas en forme de marteau – et la différence de récompense ne serait pas énorme. Le plus embêtant serait de la diviser en neuf lorsqu’il rejoindrait ses compagnons.
Dérapage contrôlé du Serenity pour contourner la queue d’un scorpion avant d’en recevoir son venin. Encore elle. Toujours elle. Jusqu’au bout. Elle le dépasserait sûrement, comme elle l’avait déjà fait. Mais le Browncoat ne put s’empêcher de faire un signe à la jolie blonde à côté de qui il était en train de passer. De la même façon, il ne put retenir sa langue. Mais qui retiendrait sa langue face à Tess ?

« Coucou. »

Alors, tel était le dernier mot de Malcolm Reynolds ?