Située au cœur de la station orbitale, tout comme les arènes mais à des niveaux différents, l'esplanade est un espace central. De forme circulaire, cette grande place est entourée de hautes et larges arcades et peut accueillir près de cinquante-mille personnes. En son centre se dresse une scène, circulaire elle aussi, qui voit défiler les artistes et toutes les personnes voulant prendre la parole. Une simple demande auprès d'un membre du personnel surveillant les accès aux coulisses vous permettra d'aller prendre le micro et vous exprimer. Scène ouverte donc, mais seulement après le concert ! Pour fêter les Jeux, le groupe qui commence à se faire connaître à travers le système du Soleil Rouge, le Meteoric Disaster, viendra interpréter ses meilleures chansons. Avec, en première partie, le non moins fameux groupe number one Sheraff, qui vous fera l'honneur de jouer ses trois grands tubes : Orlando, Monde de merde et Le cowboy de Tchernobyl. Ne vous éloignez pas ou scrutez les annonces défilantes pour savoir où en est le concert ! Cortex central de la station orbitale, l'esplanade est un lieu de passage qui voit défiler un grand nombre de personnes, du fan de musique au vendeur ambulant, et dessert les étages alentours. Mais c'est également un endroit privilégié pour se rencontrer ou retrouver son chemin à travers les différents niveaux.
La foule. C'était la première chose qui avait frappé Simon en sortant du sas d'arrimage. Un coup porté à son être, le faisant chanceler. Il y avait tant de monde, tant de bruits, d'odeurs et d'espace pour poser son regard, c’en devenait étourdissant. Le jeune homme s'était laissé entraîné par le flot interrompu des visiteurs de la Station orbitale avant de disparaître parmi eux, tel un grain de sable au milieu d'un désert balayé par le vent. Pour le médecin, la sensation était agréable. Il n'avait pas à surveiller sa jeune sœur durant ce moment d'oisiveté accordé par le Capitaine du Serenity et était donc libre, totalement libre. Au milieu de cette foule, il n'était qu'un visage anonyme parmi des centaines d'autres. Pas besoin de se cacher ou de rester sur ses gardes. Son statut de fugitif devenait obsolète le temps que durerait cette escale sur la station d'Hammer ; une halte du vaisseau sur une île paradisiaque. Encore que, la station n'avait en réalité pas grand chose d'un Eden. L'aspect externe annonçait la couleur depuis l'espace ; le programme des festivités la confirmait et la palette des individus défilants dans les vastes coursives apportait la touche finale au tableau. Mais le docteur s'était trouvé une place confortable, appuyé contre l'une des arcades de l'esplanade, à déguster un met dont le goût lui rappelait de fameux biscuits qui ne se trouvent que sur Osiris. Et la musique n'était pas désagréable. Simon ne connaissait pas Shéraff, un groupe de la Bordure dont les sonorités et les pins vendus à la sauvette n'avaient sans doute jamais franchit la limite du Core. Peut-être les autres membres de l'équipage connaissaient-ils, mais l'intérieur du firefly ne résonnait pas souvent de telles chansons. La faute à a carlingue qui répercutait tout en échos discordants. La faute surtout aux passagers, qui semblaient préférer la mélodie de la vie quotidienne à bord plutôt que la dernière chanson à la mode dans le Verse. Et dans l'espace, pas facile de capter la radio. En terminant son encas, le jeune homme se demanda si Kaylee appréciait ce genre de musique. La jeune femme avait parut plus excitée à l'approche de la station par la course de vaisseaux annoncée que par le reste. Simon était par ailleurs rassuré que ni elle, ni River n'aient évoqué les arènes. Un divertissement aussi tribal et violent, c'était bon pour les esprits tempétueux comme Jayne, qui se repaissent d'action et de sang. Tout le contraire de Simon. Pourtant, le jeune homme se sentait attiré pas les combats. Non pour y participer, mais sa conscience de médecin le tiraillait pour aller voir, en curieux, en tant que docteur, pour faire ce qu'il savait le mieux faire si besoin était : soigner. Combien pouvait-il y avoir de médecins expérimentés à bord de la station ? Sûrement trop peu pour tout les malheureux qui s'inscrivaient avec enthousiasme au casse-pipe et en ressortirait estropiés, pour les plus chanceux d'entre eux. Simon les pensait fous. Aller combattre pour le plaisir était insensé. Une guerre, c'est différent, il y a un but pour prendre les armes. Là, ce n'était qu'un divertissement où les morts repartent sans honneur. Plus tard. Sans doute plus tard Simon se rapprocherait-il des arènes. Après avoir digéré et fait un tour plus approfondi de la station.
Rien de tel qu'un événement important pour faire marcher le commerce. La journée allait, à n'en pas douter, être délicieuse et rapporter gros. C'était un fait dont Damian Chandler, vendeur de cacahuètes très réputé et devenu célèbre avec le temps, était plus que certain. Il avait le nez pour deviner si les affaires allaient être bonnes ou non dès le matin. Pour cela, il lui suffisait le relever le museau et d'attendre que le vent lui apporte quelques bonnes odeurs. Si elles n'étaient pas toujours agréables pour son odorat presque canin, il n'en restait pas moins qu'elles ne l'avaient jamais trompé. Et pour cela, Damian était était extrêmement fier de son sixième sens. Debout, devant l'Astarte, les poings sur les os de sa hanche plus que sa hanche elle-même, le commerçant avait un sourire radieux qui étirait ses lèvres. Ce qui était plutôt étrange, c'est qu'il n'avait jamais particulièrement apprécié les espaces bondés de monde dans sa jeunesse qui lui paraissait lointaine (avec quelques six, ou sept, il avait perdu le compte, enfants, il était impossible de se souvenir si on avait été jeune un jour, ou si le rôle de père de famille nous avait été imposé dès la naissance) mais que c'était précisément ceux-ci qui lui permettaient de faire vivre toute sa tribu. Quoique. Fallait-il être plus de dix dans une famille pour commencer à parler de tribu ? Boah ! Une équipe de sport, ça faisait presque le même résultat. De toute façon, ils étaient trop nombreux pour que ce soit très sain. Le vendeur de cacahuètes survola la foule qui se bousculait avec un regard amusé. Il se frotta les mains. Enfin, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Attention, attention, Monsieur Hammer, mais Damian Chandler est de la partie. Et où Damian passe, les jeux de marteau trépassent. Immobile face à la foule, il attendait de trouver la place stratégique. Il avait vaguement entendu parler de l'Esplanade avec son immense scène. Alors, se mettre près de la scène était une bonne idée. Mais c'était avant qu'il ne remarque les enceintes de celle-ci et bien avant qu'il ne comprenne que se mettre à cet endroit reviendrait à perdre l'usage de son ouïe. Certes, ce sens-là était, chez lui, un peu moins développé que son odorat, mais tout de même ! Il tenait bien à pouvoir entendre les derniers ragots. Surtout qu'il avait quand même bien l'intention de suivre les résultats de la course de vaisseaux.
Finalement, il installa son stand dans un coin. Pas loin d'un homme vêtu d'une tenue qui ressemblait à s'y méprendre à celles des combattants de karaté à l'époque de la Terre-Qui-Fut, avec un nez tellement rouge que Damian ne savait pas s'il s'agissait d'un clown (il avait horreur de ces bêtes-là!) ou d'un alcoolique (de ceux-là aussi, il en avait horreur) et portant une cagette de kiwis. Un vendeur concurrent, peut-être ? Qu'à cela ne tienne ! Damian Chandler, premier du nom, n'allait certainement pas laisser un vulgaire vendeur de kiwis lui écraser les pieds ! Au figuré comme au non-figuré. Lorsqu'il s'agissait d'argent, Damian pouvait devenir un adversaire redoutable ! Money, money, money. Il avait encore la chance de pouvoir vivre sur Ariel. Après, le monde n'était réellement aisé que pour les membres de l'Alliance qui, en plus de détenir du pouvoir pour la plupart, avaient de l'argent. Damian n'était pas trop à plaindre. « Cacahuètes, cacahuètes ! Venez admirez mes cacahuètes ! Elles sont belles, elles sont bonnes. Venez acheter de quoi caler votre estomac pendant la course de vaisseaux ! Mes cacahuètes peuvent même faire office de pop-corn de la Terre-qui-Fut pour les combats alors n'hésitez plus. Cacahuètes, cacahuètes ! » Il hurlait pour essayer de se faire entendre de la foule, lançant des sourires qu'il espérait ravageur aux plus jeunes demoiselles qui s'approchaient de son stand avant de s'éloigner. Quelques injures étaient retenues de justesse lorsque c'était le cas. Il passa une main dans ses cheveux gras, se gratta la barbe en esquissant une grimace. A côté de lui, avec un sourire immonde et inquiétant sur les lèvres, le clown-alcoolique-karateka-amateur de kiwis l'observait. Damian essaya de l'ignorer, cherchant à appâter toujours plus de clients. « Cacahuètes, cacahuètes. Venez admirez mes cacahuètes ! Elles sont belles, elles sont fraîches, elles croustillent et elles régalent vos papilles ! Caca... Voulez-vous bien arrêter de me regarder de cette façon ? » Damian avait finit par se retourner, agacé, vers son voisin. Pour toute réponse, le sourire de ce dernier s'élargit et il croqua dans un kiwi. Comme ça. Sans enlever la peau, sans utiliser de couteau, sans rien. Erk. Damian put sentir le goût acide du fruit sur sa langue pour ce pauvre homme probablement un peu idiot et il préféra l'oublier pour se concentrer sur ses clients.
Personne ne l'avait encore arrêté pour lui toucher deux mots, lui serrer la main ou il ne savait quoi d'autre encore. Ne pas être reconnu était à la fois troublant et pas plus mal ; au mois, les gens lui foutait la paix. C'est ce que Frank Münsen se disait en rangeant son peigne dans sa poche-revolver, alors qu'il déambulait autour de l'esplanade. Un inconnu au milieu des inconnus. Sûrement parce qu'il n'était pas encore monté sur scène ; après le concert, ce serait une autre histoire. Qu'il y ait foule était une bonne chose. Après tout, le Meteoric Disaster n'était rien sans un public. Et Frank ne venait pas seulement hurler dans un micro : il avait un message à faire passer. Même s'il l'hurlerait dans un micro. L'auditoire devait être composé majoritairement d'habitants de la Bordure, du Rim pour les plus chanceux, c'était parfait, la cible voulue. Appeler à prendre conscience des inégalités entre les planètes faisait parti du crédo du MD et quoi de mieux que le public des Hammer Games pour écouter ? C'était comme cela que ça marchait : faire entendre sa voix pour avoir du blé -dans les deux sens du terme. Frank ne connaissait pas le fonctionnement en détails, ce n'était pas lui qui s'en occupait, il était plutôt comme le berger qui montre la voie aux agneaux. Frank jaugea son troupeau en circulant au milieu. Il passait le temps. Ou plutôt avait-il l'impression d'en perdre, du temps. Il détestait ça. A peine débarqués, les autres s'étaient dispersés, ce qui avait agacé le jeune homme au plus haut point. Il leur avait dit de ne pas s'éloigner, mais ça n'avait pas loupé : chacun était parti vaquer à diverses affaires sans lui prêter attention. Ils avaient encore près d'une heure avant de monter sur scène et Shéraff, le groupe les précédant, semblait prendre plaisir à étirer sa prestation. Mais quand même !, être le leader et avoir parfois aussi peu d'autorité mettait Frank en rage. Pour se calmer, il s'était barré à son tour, en égratignant un mur. Il venait de s'inscrire à la course de vaisseaux. Frank avait toujours aimé ces engins et les conduire, même s'il n'était pas un pilote chevronné. Odderick, par contre, avait su faire ses preuves. C'était d'ailleurs le pilote attitré du groupe. Avec lui aux commandes, ils avaient de bonnes chances de gagner. Encore fallait-il qu'Oddie accepte de participer. La forte somme à la clef lui ferait sûrement ni chaud ni froid ; peut-être l'attrait de la compétition ? Frank arriverait bien à le convaincre d'une manière ou d'une autre. En attendant, il n'avait rien à faire et se traînait autour de l'esplanade. Il s'entendait à peine penser, entre la musique et le brouhaha, mais un vendeur attira son attention. Le stand n'avait rien d'exceptionnel, mais le gars derrière, avec son air du type tout juste arrivé qui en a déjà marre d'être là, était familier à Frank. Le garçon s'approcha et attrapa un paquet de cacahuètes. « C'est vous !, s'exclama-t-il avec le sourire d'un gamin qui rencontre un copain. Hum... Chandler, les cacahuètes Chandler ! Toute mon enfance. J'pensais pas vous rencontrer un jour ! » Frank tendit sa main libre vers le vendeur pour la lui serrer. C'est qu'il en avait mangé de ces cacahuètes lorsqu'il était gosse ! L'une des friandises favorites de sa mère. Surtout celles grillées et caramélisées. Son père ne manquait jamais d'en ramener un paquet à son épouse dès qu'il en trouvait. Et la friandise ne faisait pas long feu dans la famille. Frank aurait reconnu l'emballage à l'autre bout du Verse. « J'vais en prendre deux paquets. Et celui-là, posa le jeune homme en cherchant sur lui de quoi régler. Vous avez bien choisi votre coin, vous allez faire fortune ! »
Tout se déroulait comme prévu. Tout se déroulait toujours comme prévu. Enfin, quand Damian le calculait, cela allait de soit. Les surprises étaient rares et les mauvaises surprises n'entraient pas dans le vocabulaire du vendeur de cacahuètes. Il avait comme un don, un réel don du ciel même si sa femme aimait à le rabaisser en lui rappelant qu'il devait probablement s'agir d'un pur instinct et d'un malheureux coup de chance (qui parlait encore de chance lorsque cela se produisait à chaque fois ?) pour être capable de retourner les imprévus à son avantage. Ouaip. Y avait pas à dire, c'était un boss. Un vrai de vrai. Un raclement de gorge impatient le tira de ses rêveries éveillées et il se précipita au secours de la charmante demoiselle qui attendait son sac de cacahuètes. Emballant les arachides tenues serrées dans une petite boite en plastique transparent dans un sac, Damian tendit le paquet à sa cliente avec un sourire ravageur. Étonnamment, elle prit un air horrifié et lui balança l'argent avant de partir sans demander son reste. Éberlué comme jamais, le pauvre marchand baissa le regard sur les pièces qui lui avaient été jetés au visage, les ramassa une par une et les rangea dans sa banane. Enfin, la banane qu'il gardait autour de la taille et qui lui servait de caisse. Un moyen efficace pour toujours garder un œil sur l'argent et empêcher toute tentative de vol ! Si les gens voulaient se faire un peu de blé, ils n'avaient qu'à vendre des cacahuètes ! Un excellent marché que celui qu'il tenait-là, pour sûr. Profitant d'une brève accalmie, un court instant de répit il le savait, il lança un coup d’œil sur le bandeau défilant. Bon, la course ne semblait pas encore avoir débutée. Tant pis. L'homme aux cheveux longs attrapa sa bouteille, contenant un précieux liquide légèrement orangé, et, après l'avoir porté à sa bouche, en avala quelques gorgées pour se désaltéré. Ce n'était pas tous les jours aisé de vendre des cacahuètes ; ça demandait du coffre pour la voix et de bonnes cordes vocales. De celles qui ne vous faisaient pas faux bond à tout instant pour un caprice. A peine eût-il reposer la bouteille que la foule revenait vers lui, réclamant sa marchandise presque fébrilement. Héhé. Il l'avait prédit. Il allait faire un malheur !
Les clients se succédaient, certains charmants et souriant, d'autres bavards (même trop ! Damian avait ainsi appris que la femme bien portante au teint basané et en tenue de cuir était, d'après ses dires, la descendante directe de Catte-Whoo-Mane, ou quelque chose qui s'en rapprochait du moins... Bref, un nom apparemment connu de l'époque de la Terre-Qui-Fut ! Et que c'était précisément pour cette raison, et pour nulle autre, qu'elle se vêtissait ainsi. Pour montrer son lien de parenté avec quelqu'un de décédé et que personne ne devait avoir entendu parler – à supposer qu'elle ait bien existé, cette madame chat!) et d'autres plus désagréables. Un lot quotidien, en somme. Il n'avait pas fallut deux mois de marché pour que Damian puisse catégoriser les clients en fonction de leurs caractères. D'un côté, il y avait les agréables, les cool avec qui il pouvait papoté de ses gosses, toujours plus nombreux, il ne serait, d'ailleurs, pas étonnant que sa femme ait accouché d'ici son retour, de la pluie et du beau temps et aussi des conditions atmosphériques qu'il fallait prendre en compte pour pouvoir mettre en marche un commerce de nos jours. Car si, personne ne semblait le savoir (c'était pourtant l'une des premières règles qui étaient enseigné à tous les enfants... Du moins, c'était la règle que lui, Damian Chandler, avait inculquée à ses rejetons dès leur plus jeune âge pour être sûr qu'ils ne l'oublient pas), mais l'atmosphère, et même la météorologie entraient en compte pour l'ouverture d'un bon commerce. Y avait même des gens qui faisaient ça exprès. Lui, il avait tout calculé tout seul. Et il était pas peu fier de son commerce. Ses yeux s'ouvrir tout ronds alors qu'on l'apostrophait d'une monosyllabe. Il avait horreur de ces choses-là. Les monosyllabe, s'entend. Il se retourna, pour voir s'il n'y avait pas quelqu'un de malfaisant planqué derrière lui et que le jeune homme qui l'avait ainsi hélé tenait, en réalité, à le prévenir d'une quelconque attaque en traite, mais il ne vit personne. Alors il fit face à l'homme qui s'était approché et ses yeux s'écarquillèrent encore plus. Si c'était seulement possible, Damian avait l'impression que leur taille avait triplé de volume et prenait l'entièreté de son visage. Le client, potentiel mais il allait finir par le devenir, le connaissait ! Qu'il se sentit fier, notre beau marchand, bombant le torse dans sa robe trop large pour son corps squelettique alors qu'il empoignait dans un geste qu'il espérait très viril et très rigoureux, la main tendue de l'autre pour la secouer. C'était la coutume, non ? Un large sourire ravi écarta ses lèvres sous sa moustache épaisse. « Waaa ! V'là que vous me faîtes plaisir mon garçon ! » Il se pencha par-dessus le stand comme pour lui faire une confidence, plaçant sa main de façon à ce que l'autre karateka ne puisse lire ou entendre ce qu'ils se disaient : « Je dois avouer que j'suis content d'avoir dénicher un tel emplacement. Au départ, je voulais me mettre vers la scène, mais au final, je trouvais que j'étais mieux ici. J'peux voir le bandeau en direct, en plus et j'pourrai suivre les résultats de la course comme si j'y étais ! » Puis il se redressa après lui avoir adressé un clin d’œil complice et il attrapa les paquets désirés par le jeune homme. C'était étrange, sa tête lui disait vaguement quelque chose. Peut-être qu'il l'avait croisé quand il était gosse et que sa mémoire immortelle se souvenait de lui. Il rajouta deux paquets de sa nouvelle collection, les cacahuètes enrobées d'une fine couche de chocolat avec une légère teinte de fraise si on les laissait fondre sur la langue et tendit le tout à son client. « Goûtez-moi cette nouvelle collection et vous m'en direz des nouvelles. Gardez votre argent, c'est la maison qui offre. C'est pas tous les jours qu'un gosse peut rencontrer son idole, » lança-t-il, un brin prétentieux.
La main de Maître Chandler, expert ès-cacahuètes, était frêle, squelettique, dans la paluche du musicien qui évita de la serrer trop fort. Ç'aurait été idiot d'écraser les doigts du vendeur, aussi bizarre celui-ci fut-il. Autant Frank connaissait bien les paquets de cacahuètes, et il aurait pu les dessiner de mémoire, couleurs comprises, si on le lui avait demandé, autant Chandler... Frank ne le voyait pas ainsi. Du moins, pas tout à fait. Il avait déjà vu le visage de l'homme sur un emballage -ou était-ce peut-être une affiche publicitaire-, mais il y avait longtemps, lorsqu'il était jeune. Et il venait de le reconnaître grâce à ses produits, non la tête qu'il tirait. Dans ses souvenirs, Maître Chandler n'était ni aussi échevelé, ni éberlué et ni aussi petit. Encore que, la taille importait peu dans le cas présent et arrangeait bien Frank qui complexait dès qu'un homme le dépassait de quelques centimètres. Bref, Frank avait en tête l'image d'un bon vivant, dont la fierté à vendre ses produits se lisait sur le visage. L'homme qui se tenait face à lui semblait loin de ce fantasme, avec sa maigreur apparente et ses yeux fatigués. Voilà toute la différence entre publicité et réalité. « Tout le plaisir est pour moi. » Mais il avait l'air content, le business man. Heureux d'être là, bien placé ; content de ses ventes et de ses fans. Peut-être un peu trop exalté d'ailleurs : lorsqu'il se pencha au-dessus de son stand pour se confier en messes-basses, tel un conspirateur, Frank ne sut que faire. Il l'écouta, simplement, en se demandant si les vapeurs de sel, ou il ne savait quoi, ne montaient pas à la tête du vendeur. Le musicien l'avait reconnu, lui avait sourit et balancé une ou deux banalité sur son emplacement. Pas de quoi lancer une discussion comme si tout deux avaient gardé les vaches ensemble. C'était là l'étonnante capacité des êtres humains à raconter leur vie à leur pairs, sans même que ceux-ci ne leur demandent quoi que ce soit. Fait qui surprenait souvent le chanteur lorsqu'il ne racontait pas lui-même sa vie à des inconnus. Peut-être Chandler avait-il seulement besoin de parler après tout. Au-delà des quelques mots échangés avec les clients pour une vente, il ne devait pas avoir beaucoup de discussion dans la journée. Frank lui répondit donc d'un silencieux sourire qui s'agrandit lorsqu'il se vit offrir des échantillons de la nouvelle collection. Deux paquets supplémentaires, aussi colorés et appétissants que ceux en passe d'être payés. Enfin payés... Chandler lui offrait le tout, sérieusement ? Petit en taille, mais grand de cœur ! « He, merci ! Vous êtes un chouette type ! » Frank abandonna ses recherches de porte-monnaie pour serrer de nouveau la main du généreux vendeur avec une satisfaction non dissimulée. Bien sûr, le jeune homme aurait pu insister pour régler le tout, ne serait-ce que par politesse et pour ne pas passer pour un profiteur, mais 1. il se foutait bien de ce que les autres pensaient de lui et 2. comme disait sa petite amie « Règle n°5 : ne refuses jamais de la nourriture gratuite, sauf si tu as une très très bonne raison ». Frank n'avait pas de très très bonne raison. Par contre, il avait très très envie de goûter de suite les friandises. Sans attendre, il déchira donc le papier d'un des sachets pour fourrer dans sa bouche une cacahuète enrobée de chocolat. « Hum ! », savoura-t-il comme s'il était fin connaisseur, ce qu'il n'était pas -une cacahuète est une cacahuète-, mais il voulait faire plaisir à celui qui pensait avoir trouvé son admirateur number one. Ce que Frank n'était pas non plus : Chandler était loin d'être son idole et il aurait fallut que Le King -sa véritable idole- vende beaucoup de cacahuètes pour que Frank s'intéresse à ces graines autrement qu'en en-cas. Autant dire franchement que le garçon ne voulait pas contrarier celui qui lui refilait gratos à manger. « Elles sont... hum ! Et ce petit goût là, j'prend mon pied ! » Pour le coup, il ne mentait pas ; l'arrière goût de fraise était à tomber. Il en fourra une nouvelle entre ses dents. « C'est avec ça que j'vais gagner la course ! Tiens, si j'gagne, j'vous promet que je parlerai de vous ! », déclara-t-il en levant la main droite en signe de gage. « Ça vous fera une sacrée pub, vous rentrerez chez vous sans stocks. Et vous feriez un bon sponsor ! », blagua Frank. Une troisième friandises vint terminer sous sa langue. C'est qu'elles étaient addictives ces cacahuètes ! Hé, ça pourrait presque faire une chanson !
Le petit gars était bien sympathique. C'était ce genre de client que Damian appréciait tout particulièrement et il prenait toujours un grand plaisir à les chouchouter avec des offres exceptionnelles. Parce qu'ils étaient rares mais surtout précieux. Un peu comme un trésor finement dissimulé qu'il lui fallait dénicher à coup de pelles pour réussir à les déterrer. Heureusement, celui-ci était sortit de sa crypte tout seul et le vendeur n'avait pas besoin de faire grand chose pour que le jeune homme ait l'air ravi de le rencontrer. Ha ! La tête qu'elle allait pas faire, l'autre mégère quand il allait rentré et lui raconter qu'il avait permit à un gosse de réaliser ce qui devait être, à n'en pas douter, son plus grand rêve. Il se voyait déjà l'interpeller, son épouse grasse et dégoulinante de sueur, entre deux commandes de bière pour se désaltérer et lui conter son aventure de la journée. Et pis peut-être qu'après, il irait endormir ses gosses en leur narrant l'histoire de leur Super Papa qui était célèbre dans le Verse entier. Ouais, c'était pas mal ça, comme idée. Lui qui s'était toujours demandé s'il y avait un dieu savait maintenant qu'il y en avait un. Et que c'était lui. Bien sûr, il fallait prendre ça au sens figuré ; bien sûr qu'il n'était pas un être possédant quelques capacités hors-normes (à part peut-être celle de savoir remarquablement bien vendre ses produits et de toujours dénicher le meilleur emplacement pour savoir se faire voir et entendre), mais Damian était plus que certain que c'était l'effet qu'il faisait au gars qui se tenait en face de lui. Il pouvait le lire dans ses yeux, ouais. Du coup, le vendeur d'arachide était heureux. Tout bêtement heureux. A dire vrai, il l'était tellement qu'il se permit de lui offrir l'ensemble des sachets réclamé par le client. Un bon client, pour sûr ! De nouveau, il le laissa attraper sa main et essaya de donner un peu de force à cette poigne bien agréable. Enfin agréable. Le contact l'avait été mais Damian ressentit une légère douleur et lorsqu'il put récupérer ses doigts, il n'était pas tout à fait certain que ceux-ci soient encore en vie. Il les regarda d'un air étrange pendant quelques minutes. Ces doigts tordus et si longs qu'on aurait put croire qu'il s'agissait en réalité des dents d'une fourche. Bah ! C'était pas le plus important ! Abandonnant son inspection sur ses malheureux doigts légèrement endoloris, Damian reporta toute son attention sur son client, et son fan. Penché en avant, bouche ouverte, air stupide plaqué au visage, il attendait de voir la réaction du gamin planté devant lui sur sa nouvelle collection. Bien sûr qu'il les savait délicieuses et bien plus savoureuses que n'importe quel autre condiment, mais tout de même. C'était la première fois qu'il les mettait sur le marché et le gosse avait droit à une avant-première. Jamais encore il n'avait fait goûter ces petites douceurs et il était impatient d'avoir un premier avis. Un large sourire apparut finalement sur ses lèvres et il leva les poings en l'air dans un signe de victoire ! « Ha ! Vous voyez ! Un vrai régal, pas vrai ? J'en suis plutôt fier, j'dois bien vous l'avouer. Ma femme voulait pas. Mais non, on ne mélange pas la fraise avec le chocolat. Jamais l'Alliance ne voudra que tu fasses ça, et blablabla. Quelle plaie, celle-là. Quand j'vais lui raconter que ça a fait un tabac, elle va en faire une attaque, z'allez voir. Mais ça me fait bien plaisir que vous aimiez. » Et puis il resta tellement estomaqué qu'il en fit tomber un sachet de cacahuètes par terre. Avait-il bien entendu ? Le gamin faisait la course ? Alors ça, c'était de l'exceptionnel et de l'inattendu ! C'était la première fois de sa vie entière, et sa vie lui avait parut être longue et interminable, ça, fallait le croire, qu'il rencontrait un coureur. Les rôles s'inversèrent. Du moins le crût-il. Le voilà qu'il peinait à rester en place tant il était excité à l'idée d'avoir put serrer la main d'un futur vainqueur ! Et pas n'importe lequel ; le seul qui était, jusqu'à présent car tout allait changer, son plus grand fan et qui promettait de lui faire de la pub. Voilà qui était un deal vachement intéressant. « Waaaa ! Vous plaisantez pas mon p'tit gars ! Vous faîtes la course ? Vrai de vrai ? J'vais parier sur vous, tiens ! Vous ne pouvez pas perdre, vous verrez. » Son regard clair brillait et s'il avait put s'observer à travers un miroir, nul doute que Damian aurait juré que le système entier du la Bordure était présente dans ses yeux à cette seconde-là. Sponsor ? Damian n'en avait jamais entendu parler. Mais il était prêt à tout faire pour ce gosse-là qui, décidément, lui plaisait bien. S'il n'y avait que ça pour lui faire plaisir, alors soit ! « Je veux bien sponsoriser tout ce que vous voulez si ça peut vous aider. » C'est qu'il était devenu affreusement sérieux, le pauvre marchand. Plus question de rigoler quand il était question d'affaire, ha ça non !
C'est qu'il s'emportait vite le petit vendeur dîtes-donc ! Frank trouvait ses cacahuètes fraise-choco bonnes -ok, excellentes et c'est vrai qu'elles étaient délicieuses- et voilà qu'il s'en voyait déjà vendre des milliers de paquets ! Du calme mon gars, aurait voulu lui répondre Frank qui se contenta d'un sourire benêt, pour le moment t'en as même pas vendu un seul. Idem pour le reste, et tout cela amusait beaucoup Frank : le garçon avait dit qu'il participait à la course et Chandler s'animait comme s'il venait de gagner à la loterie ; un mot sur les sponsors, vague idée lancée comme ça, et notre excité touchait presque le plafond ! Un drôle de type, dans tout les sens du terme, pensait Franck qui était pourtant habitué à rencontrer tout un tas d’hurluberlus, du fan déluré qui fait signer une partie de son anatomie que toute personne normalement constituée évite de montrer en public, à l'admirateur azimuté qui offre une paire de chaussettes à la fin du concert. Neuves, fort heureusement. Sans parler d'Anastasia, l'autre guitariste du Meteroric Disaster, qui piquait une crise de pure panique dès qu'elle croisait un végétal artificiel (aka ''plante verte en plastique'' dans les magasins spécialisés!). Bref, le jeune homme en avait vu des gens bizarres, mais celui face à lui arrivait en bonne place dans le classement.
« Ouais, merci, répondit Frank qui remercier l'autre autant pour la course que le reste. J'espère bien gagner, avec vos encouragements, et j'parlerais de vous. Juré ! » Une autre douceur fraise-chocolat termina sa course à elle contre le palais du jeune homme. « Pour les sponsors, continua Frank qui avait noté le changement d'attitude du vendeur désormais des plus sérieux, c'est pas moi qui m'en occupe. Il faudra voir avec mon manager. » Le jeune homme se sentait un peu dans l'embarras. Il avait parlé de sponsoring comme il aurait pu lancer l'idée de repeindre un vaisseau pour en faire une cacahuète géante. En somme, Frank avait dit ça comme ça, dans le ton enjoué de la discussion et sans penser un seul instant que l'affaire pourrait être prise au sérieux par Maître Chandler. Maintenant, le garçon ne voulait ni décevoir le frêle homme, ni trop s'impliquer dans l'histoire. Il chercha de nouveau son portefeuille dans ses poches, trouva d'abord son peigne et en profita pour se recoiffer, puis dénicha le morceau de cuir duquel il tira une carte de visite. « Tenez, écrivez à cette adresse. J'vous garantie que la réponse. » Sous-entendu ''pas le contenu'', mais c'était tout de même une porte qui s'ouvrait pour le vendeur. Même s'il recevait une réponse négative pour devenir sponsor, ça lui ferait un contact dans le milieu. Et un contact en entraînant un autre... Mine de rien le nom de Chandler pouvait rapidement prendre de la valeur d'ici peu. Au pire, il arriverait bien à refiler quelques paquets de cacahuètes à Grayson -le manager de Frank- qui, vu son embonpoint, ne devait pas cracher sur ce genre de friandises.
Hors rp:
Sorry again, c'est pas fameux. Et dis-moi si jamais tu n'as pas assez de matière pour répondre.
Enthousiaste, notre bon vendeur l'était. Une journée comme celle-ci n'était pourtant pas rare pour lui dont l'emploi du temps était à l'image de celle d'un Magistrat. Il lança un regard hasardeux par-dessus l'épaule de son client pour apercevoir la petite file d'attente qui bavardaient joyeusement, pointant du doigt chaque paquet avec des yeux plein de gourmandises. Ah ! Voilà comment il les aimait, ses acheteurs. Gourmands et toujours prêts à dépenser plus pour obtenir plus. Il repéra un joli brin de nana et il lui adressa son plus beau sourire, cacahuètes en main. Sans doute qu'il lui ferait un petit prix, à elle aussi. Ouais, y avait pas à dire : Damian adorait vraiment son job. Certain rêvaient de gloire et de beauté, de richesse et de pouvoir. Dans le fond, il était un homme tout ce qu'il y avait de plus simple. Un peu d'alcool, quelques femmes de temps en temps, des bonnes ventes et voilà qu'il était le plus heureux des hommes. Bien qu'il l'aurait été encore davantage s'il n'avait pas eu autant de gosses à élever. Un premier enfant, c'était la belle vie ; lui, il avait laissé son épouse se lever chaque nuit pour nourrir l'affreux monstre braillard. Et puis il y en avait eu un second, pour pas laisser le premier bougre jouer tout seul pendant trop longtemps. Suivis de jumeaux – une erreur de la nature que l'invention des jumeaux ! Tous les pleurs de ces gamins réunis n'avaient jamais réussit à tirer Damian de son lourd sommeil et il n'avait pas rechigner lorsque sa femme avait insisté pour avoir une petite fille. Puis une autre. Et pourquoi pas une troisième, après tout ? Et ce fut probablement à cet instant que Damian avait perdu le compte au niveau de sa petite tribu. Et aussi à cet instant que l'autre folle l'avait poussé à se lever au milieu de la nuit pour les biberons nocturnes et à raconter des histoires le soir. Finalement, il s'était pris au jeu. La journée, il les passait avec ses cacahuètes, la nuit avec ses enfants. De lui à lui, il préférait quand même la compagnie des arachides, moins bruyants. Wait, comment avait-il pu laisser ses pensées dériver autant ? Bah, c'était pas comme s'il y avait eu mort d'homme à cause de son petit égarement. Et puis, il était certain que son interlocuteur n'avait rien du remarquer. Ce dernier était, d'ailleurs, toujours là, à lui assurer qu'il lui ferait de la pub. De la publicité. Gratuitement en plus ? Ça, c'était la classe ! Le vendeur ne pouvait que le croire sur parole ; c'est que son premier fan avait réellement l'air d'apprécier ses petites douceurs. S'il continuait de les gober à cette vitesse, il allait finir le paquet avant même d'être parti ! Le petit bonhomme écarquilla les yeux, interdit devant l'addiction de son client préféré. « Hé bé, c'est que vous savez apprécier les bonnes choses, vous ! » Un large sourire dévoilant ses dents marrons et jaunes étira ses lèvres jusqu'aux oreilles, ou presque.
Et il devint sérieux. Voilà qu'il fallait papoter affaire. Et ça, c'était pas quelque chose sur laquelle il fallait plaisanter avec Damian Chandler-the-Great-and-Only-One. Les sourcils épais du pauvre homme se froncèrent, allant jusqu'à se toucher lorsque l'autre mentionna son manager. Késako ? Probablement un mot étranger pour parler de son paternel. Ou de son patron. Rah, Damian avait toujours été particulièrement nul pour apprendre à parler d'autres langues. Comme il ne tenait pas à briser l'image resplendissante que le gamin avait de lui, il essaya de n'en rien divulgué, ou du moins, de n'en rien laissé paraître. Alors il tordit la bouche en une moue qui se voulait pensif, porta une main à son menton, laissant une marque à cause de ses ongles trop longs et acquiesça lentement. Ouais, pas d'faute possible. Avec une telle attitude, le gosse fan de lui ne pourrait qu'avoir l'impression que Damian savait de quoi il parlait. Mais avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoique ce soit, son interlocuteur se lança dans une recherche des plus intenses. Fouille archéologique sur son propre corps ? Sans mot dire, le vendeur l'observa se recoiffer et passa aussitôt une main dans sa propre chevelure. Ses doigts s'insinuèrent dans un chemin épineux et finirent par buter contre un nœud qu'il ne parvint pas à défaire. Alors, l'air de rien, il laissa retomber sa main le long de son corps avant de lancer un regard méfiant à la carte. Il s'approcha légèrement, plissa le nez et renifla la chose. Ça n'avait pas vraiment d'odeur. « Pas de soucis mon gars, j'écrirai tu peux compter sur moi ! Aussi vrai que je m'appelle Damian Chandler ! » Il avait levé la main gauche et fit mine de cracher sur le sol, à côté de son stand. Un geste viril dont il avait souvent entendu parler. Parait que c'était une habitude de l'époque de la Terre-Qui-Fut. Les yeux baissés sur la carte qu'il finit par attraper dans un geste vif, il l'inspecta une nouvelle fois. Écrire qu'il avait dit ? C'était pas vraiment le point fort de Damian, mais il pouvait bien faire cet effort. C'était pour aider son premier fan, après tout. Ha, parfois, le petit marchand trouvait qu'il avait bon cœur. « Baah, c'pour vous aider que j'fais ça. Moi, j'me plierai en vingt pour mes fans et mes clients. Vrai de vrai. Y a plein de commerçant qui sont pas aussi sympa. Un p'tit conseil : faîtes gaffe quand vous allez faire vos emplettes. On dirait pas comme ça, mais pas mal de vendeurs sont de vrais requins. Surtout quand il s'agit d'argent... Un monde de fou, moi j'te le dis mon gars. » Il avait retrouvé son grand sourire et reprenait la conversation sur le ton de la confidence.
Ton post était génial, don't worry. Le mien en revanche n'est pas top du tout. Je m'excuse surtout pour la fin qui est trop bâclée ôo, j'sais pas ce qui m'est arrivé sur la fin ~ J'espère que ça te suffira quand même ;_;
L'effet miroir est une chose fascinante, autant à observer qu'à expérimenter soi-même. Psychologie de comptoir pour certains, fait sérieux pour d'autres, pure branlette intellectuelle pour ceux qui ne savent rien de la psychologie de la Terre-qui-Fut, l'effet miroir consiste à reproduire les gestes et attitudes de son interlocuteur pour mieux être acepté par celui-ci. Par exemple, Frank s'était recoiffé et le vendeur de cacahuètes avait ensuite fait de même. Sans doute la main dans les cheveux fut un geste inconscient de la part de ce-dernier, mais l'effet miroir agissait sur Frank. Tout aussi inconsciemment. L'empathie entrait en jeu et le jeune homme trouvait sympathique le Maitre Chandler. Un peu malgré lui. Chandler semblait sympa, c'est sûr, mais un peu trop enjoué, un peu trop bavard, un peu trop survolté, comme l'un de ces lapins-roses-Duracell que l'ancienne Terre avait connu. En clair, le marchand tapait léger sur les nerfs de Frank qui se gardait bien de toute remarque car, comme lui, Chandler aimait se recoiffer. Effet miroir à la con. Sûrement la scène aurait-elle étair différente si Mister Münsen n'avait pas cette manie -pour ne pas dire obsession oui!- de se tirer les cheveux vers l'arrière au moindre mouvement. Certes, cela faisait partie de sa personnalité et de son look mais bon... Il avait bien essayé une autre coiffure fut un temps, des sortes de pics dressés sur le crâne. Mais son entourage s'était montré unanime : il ressemblait ainsi à un porc-épic.* Frank faisait pourtant un joli prénom pour un porc-épic. Mais là n'est pas le sujet. Le sujet, le problème pourrait-on dire, était que la conversation prenait un tour auquel Frank ne s'attendait pas. Disons surtout qu'il y avait une petite incompréhension entre les deux hommes : Chandler ne paraissait pas saisir que Frank lui rendait service -en un sens- avec cette proposition de sponsoring, et non le contraire. Qu'est-ce qu'il en avait à faire au fond, que l'homme aux cacahuètes écrivent ou non à l'adresse indiquée ? Frank ne le reverrait sans doute jamais, le Maitre Chandler. La carte, c'était pour conclure cette proposition bancale. La suite, pff ! Frank s'en foutait bien plus que de la dernière cacahuète de son paquet. Et justement, il y arrivait, à l'ultime friandise. Sans s'en rendre compte, le garçon avait avalé tout le sachet. Les fraises-choco étaient vraiment addictives. Il ne savait pas ce que l'autre mettait dedans, mais c'était pire que de la coke. Ce qui expliquait peut-être le comportement du vendeur à vrai dire : l'abus de ses propres produits... Quoi qu'il en fut, Frank entendait le bavardage en écoutant un gazouillage dont la mélodie se sifflotait partout. Le vendeur était dans sa bulle de bonheur. Et que répondre à ça ? La technique du sourire en hochant la tête c'était trop condescendant pour Frank. Non, il se devait de répondre. « Vous avez raison ! Et on nage au milieu de l'océan. J'vous en reprend un, lança-t-il en jouant habilement des mains pour à la fois ranger son peigne, attraper un nouveau sachet de cacahuètes et sortir de quoi régler du portefeuille qu'il tenait toujours. Celui-là est pour moi. C'est vrai qu'vous êtes bon commerçant, j'vous dois bien ça. Et ça m'a fait plaisir de vous rencontrer ! » Frank tendit de nouveau sa main, dans l'espoir d'une dernière poignée avant de s'éclipser. Dans son dos, la file de clients s'était agrandie. S'il n'offrait pas la moitié de son stock à chaque fois qu'on lui souriait, Chandler ne perdrait sûrement pas sa journée !
* Référence foireuse à ce sketch des Monty Pyhton (le début).
Les vacances, c'est trop dur. Les vacances, c'est trop long. Les vacances, c'est ennuyant !
En fait, être loin du Serenity, c'est pénible. Etre loin de ses équipiers, c'est impensable. Toute la vie sur le vaisseau me manque. Et puis, sur la planète où j'étais, je ne pouvais pas embêter Cobb. Je ne voyais pas la tête de Wash chaque matin. Je me faisais du souci pour le C'ptaine. Et ... Et je me demandais ce que faisait Simon ... Mais chut, on le dira pas, ce sera notre petit secret. J’espérais pouvoir voir Inara ici. Je lui avais envoyé un petit message pour lui dire où l'on serait tous d'ici quelques jours. Bon, d'accord le message n'était pas court ....
Citation :
Coucou Inara. C'est moi. ... Kaylee. Tu te souviens ? Oui, tu te souviens, qu'est ce que je raconte. Ca fait un bail que je ne t'ai pas parlé et ... Voilà, j'ai pris le temps de t'envoyer un message vidéo. Tu vas bien ? Oui, tu vas bien, c'est sûr, c'est toi. La vie sur le vaisseau suit son cours. Tout le monde va bien. C'est génial.
...
Non, c'est pas génial.
Cobb grince des dents car il ne t’entends plus jouer dans ta cabine. Zoé dit qu'elle a plus de boulot depuis que tu es partie. Wash déprime car sa femme lui en fait baver. Book veut que je me confie à lui. River me demande quand tu rentres. Et Simon, il va bien.
...
Malcolm va super mal. Il ne le dit pas, mais je le vois bien. Il n'a pas voulu que l'on touche à ta cabine, alors que Cobb voulait la prendre. Ils ont bien faillit en venir au main. Je le vois souvent s'arrêter devant ta cabine. Tu lui manques.
Tu me manques Inara. Je ... Je fais aller, mais sans toi, c'est pas pareil. Et puis avec Simon ... Simon ne me voit pas du tout. Je ne sais plus quoi faire. J'ai besoin de toi et de tes conseils. On a tous besoin de toi.
L'équipage va se rendre au Hammer Game. Si jamais t'es dans le coin, vient nous voir. Ou au moins moi ... Tu me manques Inara !
J'avais finit par couper la vidéo et je lui avais envoyé. Si j'avais attendu, je ne l'aurais jamais fait. Pour moi, Inara était ma grande soeur. Sans elle, c'était plus dur. Je la prenais comme modèle, et vu que je n'avais plus mon modèle sous les yeux, c'était plus compliqué.
J'ouvris en grand mon parapluie et c'est avec un grand sourire et ma valise en main que je rentrais sur cette station orbitale. J'avais plusieurs choses à faire, mais ma priorité était de retrouver le Serenity pour poser mes affaires.
Eyh Poupée, tu viens d'arriver ? Tiens, viens, je ne mords pas. Ceux sont des montres splendides qui sont hyper rares vu que ceux sont des montres collections. Ha ? Euhhhh c'est gentil, mais non merci. Attends, attends frangine ! J'ai autre chose de mieux un joli miroir avec son maquillage pour que tu sois toujours jolie comme aujourd'hui. Vous me trouvez jolie ? C'est gentil, merci, mais non, vraiment je n'en ai pas besoin. Alors pourquoi pas cette fabuleuse cravate pour ton petit ami ?
Ok. Je savais que je n'aurais pas du m'arrêter. Mais je l'ai fait et j'ai regardé cette jolie cravate. Je savais en plus que jamais je n'oserais l'acheter pour Simon, mais du coup, le type continua son baratin et son complice finit par me bousculer pour me prendre des mains ma valise.
Oh non, pas ça les gars.
Et bien sûr le second était déjà partit lui aussi. Il n'y avait que des vêtements, mais c'était galère. Plus les petits cadeaux que j'avais prévu pour le Serenity. Alors je me suis mise à courir en demandant de l'aide au passant pour qu'ils arrêtent le voleur.Mais je savais déjà que ce serait peine perdu. J'aurais peut être du rester en vacances finalement ...
"J'vais me le faire. Je jure que je vais m'le faire!"
Kassandra, furibonde, déambulait poings serrés dans l'esplanade sans vraiment savoir où aller, mais avec la farouché détermination d'y arriver. Elle avait réussi à contacter via Sub-Etha un vieux maboul ayant soit disant des informations sur une ancienne colonie humaine reposant dans le Verse, une des toutes premières colonies, abandonnée en son temps et donc parfaitement conservée. Bien sûr, elle savait que c'était plus que douteux. Rien n'excluait l'existence de telle installation (le Verse était bien plus grand qu'on ne pouvait l'imaginer) mais que quelqu'un sache où en trouver, voilà qui aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Et maintenant, la voilà seule au milieu de la foule, sans rien à faire. Depuis bientôt six heures. Le contact n'était pas et, il fallait bien se résigner, ne serait sans doute jamais là. Autant dire que, malgré sa vive détermination, elle n'allait se faire personne.
Elle fut forcée d'émerger de ses sombres pensées: une agitation plus grande que la normale semblait envahir la foule, comme des rides sur l'eau après qu'on y ait lancé une pierre. Il y eut des cris, et elle se retourna pour voir passer en courant un type agrippant un valise, poursuivi par une jeune femme visiblement désespérée, les larmes aux yeux à la fois sous le coup de l'émotion et de la course poursuite.
"Oh, et puis merde!" décréta l'archéologue en se passant la bout de la langue sur la lèvre supérieure, signe d'une sadicité naissante (et, à vrai dire, déjà assez grande pour faire ses premiers pas) "Je vais me le faire!"
Il fallait bien trouver un exutoire, après tout, non? Elle détala entre les échoppes, dans une allée parallèle à celle où se déroulait la course poursuite. Elle gagna du terrain, se retrouva bientôt au niveau de la jeune femme, niveau qu'elle dépassa pour rattraper le voleur. Un homme de ménage eut le malheur de passer le balais par là: il se retrouva sans comprendre pourquoi assis par terre, et son balai avait disparut. Il y eut un moment de flottement. La seconde plus tard, Kassandra écrasait de son talon les côtes du voleur, en écrasant le manche du balai entre sa gorge et son manteau. Suffoquement: lent, douloureux, idéal en toute circonstance!
"Lâche la valise!" ordonna-t-elle.
"Hhhhhhhhhhh!" suffoqua le voleur. Il voulait justement se servir de cette valise pour la frapper au visage mais son bras était bloqué au sol par le genou de l’agresseuse.
"Lâche... la... valise..." répéta la jeune femme en articulant bien (et en resserrant encore un peu plus le manche à balai).
Lentement, les doigts de l'homme s'ouvrirent, libérant la poignée de la valise.
"C'est bien!" Kassandra relâcha son étreinte et lui donna une petite tape sur la joue. "Tu vois quand tu v..."
D'un effort surhumain, le voleur se releva d'un coup en la projetant dans le décors, avant de s'enfuir sans demander son reste.
"C'est ça! Casse toi!" beugla Kassandra en se relevant sur les coudes. "Et que je ne te revoies pas de si tôt!"